(encore un petit exercice de contrainte intitulé "la contrainte me fait mourir" et qui interdisait l'usage de verbes du premier groupe (en -er), sauf les participes utilisés en adjectifs... )
"Maître Alexis va bientôt revenir" est mon mantra depuis le matin. Soumise à mon Maître, j'attends son retour avec impatience, comme à chaque fois qu'il sort et que je suis seule, étroitement sanglée dans ma combinaison en latex.
Alors que j'y étais rétive au début de notre relation, ce jeu érotique me plait beaucoup. La sensation de devoir attendre sans me mouvoir le bon vouloir de mon Maître fait battre dans mes entrailles une sensation trouble. La première fois, il m'a offert trois heures d'immobilité au bout desquelles j'étais merveilleusement courbaturée par les liens qui m'unissent agenouillée, bras et jambes dans une posture d'humilité.
Aujourd'hui, pas le droit de se nourrir! Ligotée face à une collection de plats appétissants et de verres contenant toute sorte de breuvages, je dois être stoïque et vaincre les appels de mon appétit. Ma récompense ? Me remplir de toute cette bonne nourriture quand il reviendra. C'est cruel mais je bénis cette souffrance.
De toutes les façons, si ma volonté fléchit, les attaches sont faites de telles manières que cette foison nutritive n'est pas atteignable, de juste quelques centimètres...
La contrainte me fait jouir. Je sais que pour la plupart des personnes, c'est inaudible, mais c'est ainsi pour moi: la souffrance et l'humiliation sont mes plaisirs !
Etre ainsi suspendue à un infini présent ouvre tout le temps nécessaire à réfléchir sur la façon dont je m'offrirai quand il franchira le seuil de la chambre, vibrant de désirs. Me souvenir des accessoires auquel il tient m'émeut et fait courir le temps plus rapidement...
La sonnerie du téléphone retentit et le répondeur téléphonique décroche. La voix de mon vénéré Maître Alexis remplit la pièce !
"Salut! C'est la merde. Les flics sont après moi. Ils ne connaissent pas la maison où tu es. Je vais faire mon possible pour dire à un copain de venir défaire tes liens. Mais ça ne sera sans doute pas avant une semaine. Tiens bon! Je pars à l'étranger; on ne se reverra plus! "
UNE SEMAINE ?
Après quelques instants de réflexion, ma situation apparaît vite proche du désespoir: si ça se poursuit, ma contrainte chérie me fera mourir dans un luxe de vaines cruautés!
Finalement, le jeu ne me plait plus du tout - mais je crains de ne plus pouvoir choisir de dire non.